Marche ou Crève [Richard Bachman/Stephen King]
Non non non je ne lis pas que des King. La preuve, celui là c'est Richard Bachman qui l'a écrit.
Trêves de plaisanteries, probablement le meilleur écrit par SK sous ce pseudo. (Même si je ne les ai pas tous lu, mea culpa).
Quatrième de couverture :
Mieux que le marathon... la Longue Marche. Cent concurrents au départ, un seul à l'arrivée. Pour les autres, une balle dans la tête. Marche ou crève. Telle est la morale de cette compétition... sur laquelle une Amérique obscène et fière de ses combattants mise chaque année deux milliards de dollars. Sur la route, le pire, ce n'est pas la fatigue, la soif, ou même le bruit des half-tracks et l'aboiement des fusils. Le pire c'est cette créature sans tête, sans corps et sans esprit qu'il faut affronter : la foule, qui harangue les concurrents dans un délire paroxystique de plus en plus violent. L'aventure est formidablement inhumaine. Les participants continuent de courir en piétinant des corps morts, continuent de respirer malgré l'odeur des cadavres, continuent de vouloir gagner en dépit de tout., Mais pour quelle victoire ?
Mon avis :
La longue marche est une compétition ou les règles sont simples. 100 participants, un seul restant à la fin pour empocher la super cagnotte. Ca vous rappelle quelque chose? Ce livre date pourtant de 1979.
Ah oui, petit détail, ceux qui arrêtent la longue marche car ils ne tiennent plus sont fusillés sans sommation par des militaires aussi froids qu'un iceberg. Et sans âmes en plus.
Je crois que je dis la même chose pour tous les King que j'ai critiqué sur ce blog, mais ce livre est vraiment énorme. Il me rappelle 1984 d'Orwell de par son côté avant-gardiste, même si cet aspect la est un peu moins prononcé dans l'oeuvre de King.
Premièrement et très basiquement, l'aspect compétition et le 'Mais va-t'il aller au bout?' est très prenant et on se prend vraiment à supporter le personnage principal, Ray Garraty, un adolescent qui veut gagner le gros lot. Eh oui, ce sont des adolescents qui y participent. Cela rend le jeu encore plus sadique. Et cet intrigue la nous tient en haleine tout le long des à peine 300 pages du livre, qui se lit ici aussi d'une seule traite (j'ai passé une nuit blanche dessus).
Deuxièmement et je crois que c'est le plus important ici, King dépeint une jeunesse en quêtes de repères, repère symbolisé par le Sergent qui dirige la marche, tout les participants étant prêts à tout pour lui et lui vouent un respect sans bornes - sans aucunes raisons objectives d'ailleurs - .
Mais plus que la jeunesse, c'est à un portrait de toute la société qui est ici mis en oeuvre. Une société composée de gens avec des vies tellement misérables qu'elle se débauche dans le voyeurisme de cette Longue Marche, sorte de télé-réalité extrême et violente. Et c'est en cela que cette oeuvre qui a été écrit il y a plus de 30 ans est avant-gardiste.
Troisièmement, on découvre ici de manière implicite une critique de l'armée. Des militaires sans âmes et un respect inconditionnel de la hiérarchie. Armée d'ailleurs qui se pose en modèle pour des jeunes en manque de repères.
Certains peuvent même voir une critique d'une société capitaliste avec l'argent comme seul moteur, cette vision se discute néanmoins.
Enfin vous l'aurez compris j'ai adoré ce livre. Et le pire dans tout cela c'est qu'en lisant, on se place à la place du public, en voyeurs. C'est du moins l'impression que j'ai ressenti après ma 3e lecture de ce livre.