Quand souffle le vent du Nord [Daniel Glattauer]
Quatrième de couverture :
En voulant résilier un abonnement, Emma Rothner se trompe d’adresse et envoie un mail à un inconnu, un certain Leo Leike. Ce dernier, poliment, lui signale son erreur ; Emma s’excuse, et, peu à peu, un dialogue s’engage entre eux, par mail uniquement. Au fil du temps, leur relation se tisse, s’étoffe, et ces deux inconnus vont se mettre à éprouver l’un pour l’autre une certaine fascination. Alors même qu’ils décident de ne rien révéler de leurs vies respectives, ils cherchent à deviner les secrets de l’autre… De plus en plus attirés et dépendants, Emmi et Leo repoussent néanmoins le moment fatidique de la rencontre. Emmi est mariée, et Leo se remet à grand peine d’un chagrin d’amour. Un jour, pourtant – enfin ! –, ils décident de se donner rendez-vous dans un café bondé de la ville. Mais ils s’imposent une règle : reconnaître l’autre qu’ils n’ont pourtant jamais vu, avec interdiction formelle de lui parler…
Mon avis :
Arrivé à 80 pages du livre, je me disais 'bon, c'est lent et téléphoné, et ils sont un peu prétentieux les deux là'. Oui, mais finalement, c'est quand même très bien. Jugement initial totalement révisé.
La preuve, j'ai lu le reste d'une traite alors que je comptais me remettre sagement de mon manque chronique de sommeil durant ses derniers jours teintés d'examens.
Je ne ferais pas l'affront de refaire un résumé que vous avez du tous lire des milliers (millions?) de fois, vu le succès que semble connaître ce livre sur la blogosphère.
Je pensais que ce livre allait titiller mon côté romantique. Que nenni. Il a titillé mon côté cynique et quelque peu désenchanté plus qu'autre chose. En effet, l'amour est secondaire ici, même s'il est latent. Enfin, à voir certains avis je pense que je vais être quelque peu esseulé dans cette interprétation, mais tant pis. Par exemple, je m'en contrefiche que Leo et Emmi finissent ensemble, couchent ensemble, ou même se rencontrent. Ce n'est pas ça qui m'a intrigué et intéressé ici. D'ailleurs, je ne pense même pas qu'ils s'aiment réellement et concrètement.
Alors oui, les personnages sont intéressants. Même si j'ai préféré Emmi et son égocentrisme prononcé, son arrogance et ses sarcasmes, sa carapace et ses faiblesses. Je l'ai d'autant plus préféré que c'est pour elle que j'ai ressenti le plus d'empathie. Peut être parce j'ai l'impression qu'elle me ressemble un peu, ou parce qu'au final, j'éprouve une compassion énorme pour elle. Une certaine tristesse aussi.
Les joutes sont plaisantes aussi. Quoiqu'un peu longuettes (Oui je sais, ce mot n'existe pas) au début. La confrontation des egos, j'aime.
Evidemment, cela ne serait pas drôle s'il n'y avait pas d'obstacles à cet échange de mail anodin au début et qui devient de plus en plus essentiel dans la vie de chacun de nos deux égocentriques. D'ailleurs, au lieu de parler d'obstacles, je devrais plutôt parler d'Everest.
Et c'est ça qui rend ce livre tellement vrai, tellement cynique et beau à la fois. C'est ce qui m'a plu ici. Le côté désenchanté des échanges qui devenaient de plus en plus passionés et donc dangereux. Le besoin d'idéal et de nouveauté aventureuse pour nous sortir de la monotonie de la vie, qui ne le ressent pas, quitte à souffrir? Certains le vivent. Certains veulent le vivre, pour ressentir quelque chose, c'est humain. Et c'est magnifiquement décrit ici, l'auteur étant clairement très intelligent. Emmi et Leo le disent plusieurs fois d'ailleurs. Ce besoin de rêver, qui procure autant de mal que de bien mais qui fait vivre. Et le retour brutal à la réalité.
La fin se justifie d'elle même et je l'ai énormément savouré. Elle était juste. Logique. Et tellement vraie.
Je ne compte d'ailleurs pas lire le tome 2. Je préfère rester sur cette fin, qui me satisfait pleinement même si je me sens toujours mélancolique à l'heure ou j'écris ces quelques lignes.
Pour une fois, je ne relirais pas ma chronique. Je préfère ne pas prendre le risque de changer ne serait ce qu'une virgule de mon ressenti sur le coup.