Minuit 2 - Les Langoliers [Stephen King]
Minuit 2 est un recueil de deux nouvelles écrites par King en 1980. Cette critique sera uniquement consacrée à la première.
Quatrième de couverture :
Vous-êtes-vous déjà demandé ce qui se passe après-minuit? Tout bascule. Le temps se courbe, s'étire, se replie ou se brise en emportant parfois un morceau de réel. Et qu'arrive-t-il à celui qui regarde, les yeux écarquillés, la vitre entre réel et irréel juste avant qu'elle explose et que des aiguilles de verre se mettent à voler en tous sens ? Les cauchemars de Stephen King vous empêcheront longtemps de dormir après minuit.
Minuit 1: L'heure où un avion peut atterrir dans le néant, le monde des Langoliers.
Minuit 2 : L'heure où un écrivain peut rencontrer le pire, dans un jardin très secret d'où l'on ne revient pas.
Après minuit, c'est toujours l'heure de Stephen King.
Mon avis :
Il convient de noter tout d'abord que; même s'il s'agit d'une nouvelle, le récit des Langoliers fait quand même 374 pages. Ce qui équivaut - et tout le monde l'aura compris - à 2,5x le volume d'un roman lambda d'Amélie Nothomb. Bref.
Après m'être aventuré sur le terrain de la fantasy et de la jeunesse pendant quelques temps, je retourne donc à mes premiers amours. Premiers au sens quasi-littéral du terme d'ailleurs, la nouvelle Les Langoliers est le premier récit que j'ai lu de King en arrivant en 6e à 10 ans. J'avais plus ou moins oublié que c'était ma première expérience Kingienne - j'étais petit - mais je me souvenais avoir apprécié. Et 12 ans après je dois dire que ce King assez méconnu est vraiment excellent.
Vol Los Angeles-Boston. Au bout d'une heure et demie de vol environ, certains passagers se réveillent. Et se rendent compte que la quasi-totalité des voyageurs a disparu. Seconde chose étrange : leurs objets sont, eux, restés dans l'avion. Y compris les pacemakers ou autres joyeusetés se situant à l'intérieur du corps humain.
C'est avec Dinah, une enfant aveugle, que l'on découvre cette situation pour le moins dramatique. Et c'est dans ce contexte surréaliste que les quelques passagers émergent et vont tenter d'expliquer l'inexplicable.
L'étape suivante : un atterrissage dans un aéroport vide. Autre chose étrange : les sons sont atténués, les goûts et les couleurs aussi. Mais surtout, le bruit. Un bourdonnement lointain qui s'amplifie. Les Langoliers. Les dévoreurs de monde. Ils arrivent.
A la frontière entre le fantastique et la science fiction, Stephen King nous propose ici une oeuvre aboutie et palpitante. La tension monte crescendo. Que s'est il passé? Comment peuvent ils s'en sortir? Comment expliquer l'inexplicable?
La réaction des passagers est saisissante de réalisme. On est plongé au coeur de la situation et l'on s'imagine pleinement être à la place de ces pauvres passagers. Et c'est là toute la force de King : savoir rendre cohérente une situation inexplicable. Comment réagirons nous face à cela?
La nouvelle est substantielle et c'est presque un roman que King nous livre ici. Pas d'horreur véritable mais une tension palpable tout le long, un suspense omniprésent et une intrigue aboutie, voilà la recette des Langoliers. Des personnages variés et attachants. Des références à Tolkien plaisantes (King est un fan absolu de J.R.R Tolkien). Ce n'est pas une oeuvre majeure de King mais elle est très illustrative de son talent et de sa capacité à utiliser les différents genres, tout en restant cohérent. Différentes explications peuvent exister d'ailleurs ici, l'oeuvre étant assez ouverte, ce qui est d'autant plus positif.
Je suis moins friand des nouvelles d'habitude mais certaines de King sont excellentes. Notamment la n°1 et la n°3 de Différentes saisons, nouvelles dépourvues d'horreur ou de fantastique et qui rendent bien compte du magnifique talent de King.
Ou bien dans un registre plus classique, la nouvelle Brume.
Quelques citations en guise de conclusion.
"Il sentit toute la structure de sa pensée rationnelle se mettre à déraper lentement vers quelque insondable abîme"
"L'obscurité fut comme un acte de miséricorde et pendant un court moment, il put se concentrer sur les étoiles"