La peau sur les os [Richard Bachman/Stephen King]
Quatrième de couverture :
Jour après jour, Billy Halleck perd du poids. Lui qui dépassait allègrement les cent douze kilos n'en fait plus que cinquante-cinq à présent. Et il continue de maigrir, aussi mystérieusement qu'inexorablement, sans que rien ne semble pouvoir empêcher l'issue fatale. De quelle maladie est-il atteint ? Un cancer ? Non, il sait d'où vient le mal... ou plutôt, la malédiction. Tout converge vers ce moment où il a percuté la vieille gitane avec sa voiture, la tuant sur le coup. Jusque-là, aucune véritable séquelle : il était ressorti du tribunal totalement blanchi. Pas étonnant, le juge était de ses amis. C'est cela qui a dû sembler insupportable aux tziganes. Une pareille injustice ne pouvait pas rester impunie. Tôt ou tard, il lui fallait payer...
Mon avis :
C'est probablement le Stephen King avec le pitch le plus simple qui existe. Ce qui ne l'empêche pas d'être très intéressant. Surprenant.
Billy Halleck est obèse. Il écrase une gitane en voiture pendant que sa femme était en train de lui faire une turlutte, comme le dit si bien Stephen King. Manque de pot, le père de la gitane passe par là et lui hurle 'MAIGRIS'. Billy ne s'en inquiète pas sur le coup. Après tout, ce n'est qu'un vieux gitan poussiéreux. Et après tout, ce n'était pas vraiment sa faute à Billy hein? La gitane s'est quasiment jetée sous ses pneus. Et puis après, il a été acquitté donc tout va bien non? Bon ok, le juge est un ami et la police n'aimait pas les gitans, mais le résultat est le même non? Tout va bien..
Sauf que Billy commence à maigrir. Inexorablement.
S'ensuit une longue descente aux enfers.
Billy va se retrouver face à l'incompréhension. Face aux rejet de la majorité de ses proches. Et surtout, face à une solitude qu'il n'aurait jamais envisagé auparavant. Quelle réaction doit il adopter? Face à la justice privée des gitans qui s'est substituée à la justice classique - corrompue et inefficace ici en l'espèce -, Billy va tout faire pour retrouver le vieux gitan.
Malgré un côté anti-héros très marqué, on n'en reste pas moins attaché à Billy qui voit sa souffrance augmentée de jour en jour. Souffrance physique et morale, de part le regard des autres. Exclu, un peu comme le sont les gitans d'ailleurs. Quelle ironie du sort.
Stephen King arrive à instiller du suspense malgré un pitch qui parait cousu de fil blanc. La fin en ravira certains, d'autres moins. Je l'ai trouvé très bien pour ma part. Cohérente et intelligente.
Comme dans tout Bachman, King se livre à une analyse critique de la société et de l'être humain. Ici, c'est la justice et le sentiment de culpabilité qui passent sur la table de travail du maître. Une justice à deux vitesses, notamment concernant certaines catégories de la population. Mais c'est surtout sur le sentiment de culpabilité que King frappe fort. Billy Halleck n'assume que très mal sa faute, se sentant légitimé par son acquittement qui est pourtant abject. Même si l'on soutient Billy tout le long, nul doute que la malédiction qui le frappe n'est pas si injuste que cela. N'arrivant pas à assumer sa responsabilité devant l'acte qu'il a commis, Billy ne fera probablement pas les meilleurs choix. S'ensuit une spirale infernale qui, malgré son horreur, fait quelque peu réfléchir.
En somme, un très bon Bachman. Ou comment arriver à mettre en place une histoire sombre et intelligente en 300 pages.
La lecture de ce livre me permet de continuer le challenge Stephen King de bouquinovore.